2011 – Jérémy Liron à l’Hôtel des Arts, par Niklaus Manuel Güdel in Les lettres et les arts.

L’Hôtel des Arts de Toulon met le jeune peintre Jérémy Liron (*1980) à l’honneur. Sa peinture semble déjà avoir trouvé sa voie et convainc par la qualité de sa technique. Résigné, comme d’autres éclaireurs, à faire usage des techniques traditionnelles de peinture, l’huile surtout, il a pour sujet de prédilection la peinture d’édifices à l’architecture contemporaine. Ses œuvres ne sont pas sans rappeler la série des Growing up de Juan Margolles, constituée de douze photographies où surgissent de la verdure, comme dans l’œuvre de Jérémy Liron, des bâtiments (ce sont, dans cette série, ces insipides bâtisses qui font la laideur de Berlin) dont la blancheur détonne sur la quiétude de l’environnement dont ils cassent le rythme. Mais Jérémy Liron ne s’attache pas seulement à dépeindre la rupture ou l’osmose entre l’édifice et la nature, puisqu’il pousse parfois jusqu’aux limites de l’abstraction, cherchant à ne conserver de son œuvre figurative que les aspects de compositons et la gamme de tons. Œuvre habile, encore un peu maladroite par endroit, elle promet beaucoup. Le mariage extrêmement réussi entre une peinture travaillée, soignée et un usage récurrent des coulures renforce son travail d’une matérialité de l’huile dont on a perdu, dans l’art contemporain, l’habitude. C’est un heureux alliage aussi, entre empâtements, lavis et glacis qui apporte à ses tableaux une profondeur qui s’accentue parfois par l’usage de la perspective, notamment dans Paysage n°55 qui contraste, dans le catalogue, avec le Paysage n°50, beaucoup moins abouti, traité davantage en applats et couches opaques, dont la composition rappelle Nicolas de Staël et en devient presque ennuyeuse. Le Paysage n°55, comme beaucoup d’autres (Paysages n°23,30, 45 et 87 par exemple), atteignent des subtilités de composition et de manière tout à fait surprenantes. A saluer avec enthousiasme.