2011 – Jérémy Liron, par Maud Verburgh in César.

La reproduction de la nature est en art une thématique conflictuelle. Accusée de tromperie, rejetée par les philosophes de l’Antiquité (Platon particulièrement), elle fut par la suite enseignée des siècles durant, devenant parfois l’alpha et l’omega du geste artistique. De nos jours, la question est ses enjeux sont délaissés. Il est rare qu’un diplômé des Beaux-arts s’y consacre entièrement. C’est pourtant le cas de Jérémy Liron, peintre réaliste en ascension. Dans son exposition les « landscapes » sont des paysages de l’ordinaire urbain, avec une prédilection pour les façades d’immeubles contemporains. L’art du mimétisme, oui, jusqu’à trouver un appui sur la photographie (pour la justesse), mais aussi liberté et parti pris. Expressionnisme, abstraction, le regard de l’homme est personnalisé : lisibilité simplifiée, éléments ajoutés, effets apparents des techniques… Néanmoins, une illusion du systématique marque l’esprit. Les lieux, certes, varient, mais inlassablement reviennent ce même support carré, ce bleu de ciel standardisé, ces motifs d’habitations formatées, et cet écran de plexiglas qui distancie l’œuvre de l’observateur qui lui fait face. Hypnose de la répétition, envoutement de la verticalité, de l’isolement, de l’irréalité, c’est alors que la variation laisse apparaître la part du mystère qui résiste à l’uniformité. Est-elle confirmation de l’existence pour qui se plait à la remarquer ?