2017 – Peintures et dessins d’artistes émergents français, par Claude LorentArts libres novembre 2017.

Pour la première fois, à l’initiative des collectionneurs français Evelyne et Jacques Deret, les lauréats d’Art [] Collector exposent en Belgique chez Valérie Bach.

EN CEMOMENT, les collectionneurs belges et étrangers sont mis à l’honneur et sont actifs à Bruxelles à travers diverses initiatives privées et publiques. Ce qui corrobore le pouvoir attractif de la capitale européenne. La galerie Valérie Bach accueille un couple de collectionneurs français qui ont choisi Bruxelles pour la première manifestation à l’étranger de leur projet de mécénat et de soutien aux artistes. L’occasion de découvrir le travail de dix artistes français non représentés par des galeries belges et donc quasiment inconnus chez nous. A l’occasion de ce hors Paris, ils ont associé à l’exposition un artiste franco-marocain basé à Bruxelles, Mehdi-Georges Lahlou, récemment sous les feux du projecteur par son solo au Botanique.
Le compte est bon L’expo célèbre les cinq ans d’Art [] Collector, un projet de promotion d’artistes français émergents, né en 2011. Si le compte n’est pas bon, c’est que l’expo est une reprise, totalement remodelée donc inédite, de la mouture initiale qui s’est tenue à Paris en 2016. Pour trouver le bon compte, il faut savoir en plus que le couple Evelyne et Jacques Deret collectionne chacun de son côté et que chaque année, ils choisissent de soutenir chacun un artiste qui entre dans la collection, reçoit une expo au Studio du Patio Opera à
Paris et dispose d’une publication avec textes de collectionneurs et de critiques. Ce qui donne pour la présente expo, cinq artistes x 2 + un invité : 11 exposants et une cinquantaine d’oeuvres. Celles-ci proviennent de diverses collections – dont une belge ! – et de l’atelier des artistes puisqu’elles sont récentes. Un ensemble qui privilégie le dessin et la peinture dans la valorisation d’un beau métier, pleinement maîtrisé, personnel et inventif. Avec des zones d’abstraction et dans une belle diversité qui va d’un zeste de fantastique à un réalisme onirique, la figuration prime sans que ne s’impose une ligne unique. On remarquera aussi la mixité intégrée de techniques variées.
Heureuse coexistence Pas simple de définir chaque participation en quelques lignes. A l’attrait de formes géométriques non orthodoxes, Claire Chesnier ajoute un traitement chromatique en subtile dégradé alors que misant sur de solides structures architecturales inscrites dans le paysage, Eva Nielsen désoriente le regard et joue de luminosités insidieuses. Des œuvres qui, bien que clairement distinctes, entretiennent des affinités avec celles de Christine Barbe, plus nocturnes et de Jérémy Liron. Auteur de portraits entre rêve et réalité, entre absence et présence, Olivier Masmonteil introduit une temporalité marquée par la superposition de moments et de vision. Une oeuvre qui offre des parentés avec celle d’Iris Levasseur, voire avec celle, en sculpture et dessin de Clément Bagot qui tend à s’évader du réel par des réseaux linéaires, tandis que Karine Rougier, avec une certaine fantaisie, emprunte la voie du fantastique. Dessinateur, Massinissa Selmani élague ses dessins des sources médiatiques afin de concentrer l’attention sur l’essentiel de l’image. En compagnie du fabuleux dessinateur Abdelkader Benchamma, on laisse vagabonder son esprit emporté en espaces imaginaires. Il règne dans cette expo un évident air de famille dont Evelyne et Jacques Deret sont les uniques auteurs veillant à ce que chaque membre cultive, dans un esprit d’heureuse coexistence, sa singularité. C’est ce qui constitue une collection. Même double.