comment j’ai écrit certains textes

Je n’ai pas une grande culture, ni une intelligence très incisive qui justifieraient ou légitimeraient que j’écrive toutes ces choses. Plutôt une sorte d’inconséquence. Qu’il me vienne une envie, une forme de questionnement plus ou moins défini ou que l’on me demande d’accompagner un travail, généralement je me laisse attraper par une intuition, une petite phrase simple. Mettons : « il y a quelque chose qui lie intimement le dessin et l’ouvert, l’anatomie ». Mais pour autant qu’elle me soit venue comme ça, l’idée m’en demeure pour bonne part étrangère quand je l’entends. C’est une forme de vertige qui me percute. Après, je tourne ça, je me fais une petite musique, je cueille parfois des mots à l’oreille, des morceaux d’idées que j’accroche tant bien que mal et sur lesquelles j’équilibre une pensée. Et puis je vois où ça me mène. Je me prends au jeu. Parfois il me faut abandonner des pistes, laisser des notes, me faire plus léger pour suivre le courant. Je feuillette un peu parce qu’il me semble qu’untel pourrait avoir déjà formulé une idée sur laquelle je débouche, parce que j’ai un vague souvenir. Je n’ai pas inséré cette idée qui s’était confirmée sur la route à comparer la voie à une ligne coupant dans la chair des reliefs et en laissant apparaître la tranche avec ses mouvements, sa géologie. Mais sans le faire exprès je me suis surpris à évoquer les pierres à images et leurs paysages. Il y a ce que l’on doit appeler le travail littéraire, l’ajustement des phrases, la clarification de certaines idées, le polissage d’un certain mouvement. Puis la fatigue, le sujet qui lasse, le sentiment que pour pousser plus loin, préciser, nuancer, étoffer, il faudrait désormais un livre, un travail dont je n’ai pas l’occasion ni peut-être les capacités. Je n’ai jamais fait au fond qu’esquisser, suggérer une compréhension possible, évoquer une impression, les rêveries et pensées momentanées que suggère le retour de regard de certaines choses. Me tresser un petit poème ou quelque chose comme ça.

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