rives de nantes

l’usure

C’est peut-être manière de dire autre chose, mais. Tu ne peux pas poser la voiture en bas de la maison et monter les bagages : dans les escaliers que derrière tu prends un PV. Et c’en est presque marrant : tu sors de la voiture la rue est déserte, deux minutes après t’es verbalisé (pour avoir le droit d’utiliser une place de livraison, il faut qu’on te voie décharger ; 2 minutes à souffler sur ton carton ou prendre un verre d’eau que t’es mort).
Et au courrier un autre pour avoir roulé à 96km/h sur une autoroute trois voies (vitesse retenue : 91 au lieu de 90 autorisé, comme il est précisé), pleine ligne droite, 3h du matin, tu rentrais de vacances, voies désertes. Ça qui contribue à l’usure ordinaire.
J. a laissé le vélo cadenassé en bas une nuit. Au matin il n’avait plus de selle. Puis on a égaré la clef. Au bout de trois semaines j’ai voulu le récupérer mais la clef n’ouvrait plus : le cadenas avait été forcé. Et puis on est parti en vacances. Deux semaines après, ce sont les roues qui ont été prélevées. Faudra que j’y récupère au moins la fixation pour le siège bébé, ça coûte une fortune ces conneries.
Une fois, devant la porte sur le pallier du premier étage on s’est fait voler la poussette. Une fois dans la cour de l’immeuble. Alors on a acheté un cadenas pour la poussette et alors on nous a cassé la poussette. Depuis, c’est un peu plus pénible, on charge les courses, les enfants et on revient chercher la poussette.
Quand j’avais la moto une fois c’était le pneu avant crevé, une autre fois l’alimentation d’essence arrachée que je n’avais pas compris au début pourquoi ça démarrait pas et puis enfin la moto couchée par terre dans une flaque d’huile et d’essence. Maintenant j’ai plus de moto.
Deux fois j’ai retrouvé le rétroviseur de la voiture en pièces le long de la route, maintenant du scotch pour tenir le miroir.
Il y a le ticket au mois pour le stationnement résident, mais plusieurs fois à laisser passer un jour avant de réaliser qu’il fallait racheter le nouveau. Ça n’a jamais manqué. Alors on payait deux fois : l’abonnement et puis l’amande. Une fois on avait payé qu’on retrouvait quand même le papier sur le pare-brise et deux jours de suite sans comprendre. On était ok côté stationnement, c’était l’autre ticket, celui annuel du titre résident qu’il fallait renouveler. Simplement attester que l’on habitait toujours au même endroit, bien sûr qu’on n’y avait pas pensé. Mais la machine était implacable. On aurait aimé qu’on nous prévienne, qu’on nous parle. Ou même un mail type : votre titre arrive à échéance etc.
Aujourd’hui, de toute façon, plus possible de garer dans la rue : le manque de place, les travaux, emplacements livraison, nouvelles places réservées pour un système de voitures de location, déménagements. L’impression d’être pris en otage. Peux plus déposer pas loin au bout de la route et de la journée de boulot, la fatigue traîne encore à tourner longuement de rues en rues. La dernière fois je m’étais garé pas trop loin d’un emplacement réservé à un déménagement, pas trop le choix, tourné tard sans rien trouver d’autre dans le quartier. Il y avait bien une longueur de trois voitures devant le panneau, mais a priori il en aurait fallu quatre. En tout cas la voiture était de l’autre côté de la ville le matin quand on a voulu partir voir la grand-mère, en fourrière. Ça m’a coûté un bras et une demi journée. Quelques jours après je recevais le PV complémentaire, fallait croire que c’était pas assez ou que j’aurais pas pu payer en une fois. Peut-être un outil psychologique : faire durer. Ce que ça dit c’est qu’il faut rester vigilent. Toujours quelque chose pour venir t’entamer le dos.
A la réunion de copropriétaires j’étais seul. Attendu une demi heure et puis la séance a été reportée faute de quorum ou quelque chose dans le genre. Du coup la prochaine facture a pris 30 euros pour frais de relance. J’aurais peut-être dut m’assurer que les autres viendraient. Même histoire deux fois de suite.
La crèche fermera à 16h après-demain. Ce qui est sous-entendu : démerdez-vous comme vous pouvez avec votre boulot, vos trajets, je ne sais quoi. Rien de tout ça ne peut tourner droit. Tu auras la panne voiture, le frigo qui claque au moment où ton compte est à raz. L’ordinaire doit t’user. Et pas le temps de reprendre le souffle. Une erreur des impôts, un papier égaré, un courrier jamais reçu et à te démerder de ça.
En attendant, toujours pas de nouvelles pour le certificat d’immatriculation de la voiture. Une erreur en préfecture, elle a été enregistrée comme fourgon et à moi maintenant d’appeler le concessionnaire qui me dit d’envoyer un courrier auquel on me répond de m’adresser au constructeur qui m’oriente vers le service compétent. Là j’envoie copie de carte grise, lettre, formulaire complété. On me demande une photo de la plaque constructeur. J’envoie. Et un chèque de 45€, je ne sais trop pour quoi (frais de poste ?). J’ai perdu le mail direct, effacé dans une fausse manip tous les mails du serveur. Attendre encore ou tout reprendre à zéro ?
Les marges frottent. Des choses minuscules prennent inopinément toute la place en compressant le reste. C’est une fatigue que l’on traîne et qui ne s’en va jamais. On se lève avec, on se couche avec. Dans nos sociétés on appelle ça les incivilités quotidiennes, l’usure ordinaire.

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