note sur les images et la langue

Paris-Lyon, le 26.05.14

L’œil est au corps, mais lui oppose le visible et bientôt le lisible, posant image(s) puis mot(s) par-devant la sensation évanescente et confuse. Comme pour celer. On perçoit la distorsion qu’induit cette intellectualisation des sensations et on voudrait restituer un peu du corps dans les images, inventer une synesthésie. Une correspondance plutôt qu’une traduction : des images (dans le sens le plus large qui soit), des mots qui taisent, imposant leur présence sensible, tombant dans la page comme la lumière tombe dans l’oeil. Et si vient tout près du mot taire, du mot présence, celui d’aveugle, d’aveuglant, c’est que l’on réalise que le regard nomme. Que sa construction induit la reconnaissance, l’identification, une manière de cerner l’objet, l’énonciation de ce qu’il regarde et qui alors lui « parle » en ce que cela en retour le regarde. Une image aveuglante serait alors une image qui se donne dans son excédence visuelle, saturant l’œil d’une stimulation physique. Il faudrait peut-être alors avancer le mot « vue » dans son activité organique, comme les anciens appelaient vedute ce qui n’était pas encore un paysage. Retrouver la mystique d’une vision dans son extase, sortie du langage.

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