qu’est-ce qu’on peut atteindre

La question est qu’est-ce que l’on peut atteindre. Ce qu’on reçoit des remarques en plus qu’avec ces moyens éprouvés ou rabattus comme le simple dessin, la simple peinture déjà on est de l’arrière-garde, loin de ce qui se fait de spécifique au temps présent naturellement plus adéquat à ce qui surgit. Et soi même on n’y échappe pas non plus au doute et que ce serait vain, évidemment vain. De s’acharner, s’escrimer malgré l’évidence que tout cela reste bien en dessous, bien en dessous de ce à quoi on aimerait atteindre et que ça tient peut-être en partie du moins à ce que l’on n’emploie pas les bons outils et pas de manière judicieuse et sans s’élever de beaucoup. Là tu écoutes un morceau et comme de l’intérieur et demande, ce que je fais ou peux, est-ce que ça atteint ça. Et puis simplement là vie ou des moments d’intensité ou ces violences tragiques contre lesquelles on est venu buter, comment ça laisse sur le carreau ce à quoi on s’essaie. Est-ce que ça ne ridiculise, n’invalide pas ? Des fois on se dit malgré tout que les moyens peu importe et que c’est changer quelque chose en soi. Et que les sages eux savent mieux dans la sobriété atteindre des états qu’on ne sait pas. Un déclic, on a le mot comme pour une machine, une mécanique qui serait bridée par un petit loquet, un truc à basculer et qu’alors on pourrait atteindre un plus grand débattement ou déployer, s’offrir un peu d’espace et que là à cette faveur d’un espace plus large quelque chose pourrait s’épanouir sans qu’on sache là quel loquet quel clic mais comme quelque chose qui nous échappe et de naturel, ça viendrait tout naturellement, comme ces plantes qu’on transfère en pleine terre ou ces poissons auxquels on offre un aquarium plus grand. On s’accorderait soi-même ou quelque chose en soi difficile à définir s’accorderait à cet espace plus grand, profiterait du dégagement pour qu’un soi plus grand s’épanouisse et attire à lui ce soi restreint ou empêché que l’on est pour l’instant. Qu’est ce-que l’on peut atteindre ? Si ce que l’on fait peut nous déplacer ou donner cette impression de déplacement qui fait que certaines choses se définissent mieux, que certaines autres apparaissent dans le champ. Du nouveau, sans doute pas dans le sens de quelque chose qui n’existait absolument pas, mais pour nous quelque chose à quoi on était jusque là aveugle tandis que ça existait au moins potentiellement dans le programme du monde. En l’écrivant, même hâtivement, quelque chose du sens que ça avait s’est évanoui, le pouvoir de révélation qui était venu avec cette question de l’atteindre. Cela est encore lisible pourtant, communicable. Mais sur un plan unique, c’est un sens plat, de l’ordre de la communication courante, utilitaire. Et ce quelque chose qui s’est perdu je n’arrive plus à le définir, il a rejoint un horizon confus, embrouillé, la pensée n’arrive plus à se resserrer, à accommoder, reste sans force et sans prise. Se laisse aller à une forme d’affaissement, de mollesse. Pourtant il m’avait semblé que quelque chose se synthétisait dans cette question là de ce que l’on pouvait atteindre. Mais je ne sais plus. Dans le temps où j’ai regardé la phrase ou écouté, juste porté attention au signifiant, ce qu’il désignait s’est éclipsé. J’en suis resté avec ce mouchoir dans les mains et comme un parfum. Alors il me faut sortir de cette sphère dans laquelle je m’étais laissé dériver, de cette aire de jeu, mouvement de retrait pour retourner à la zone, au front, là où pleuvent les météorites, où les sensations se précipitent. Là où il n’y a encore que le présent qui règne et quelque chose en soi qui attend d’en recevoir un bout pour aller le mordiller dans un coin.

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