va, mon grand!

Mais vous être tout à ce que vous faites, c’est à dire au compromis mal démêlable de ce que vous projetez et de ce qu’il advient. Ce qu’il y a, ce que le tableau est, personne ne pourra sans doute le dire définitivement tellement la façon d’apparaître d’un tableau dépend encore du regard que chacun y projette. Tellement il est indissociable de la dynamique qui l’intègre dans son champ. Enfin, vous faites un tableau. S’il vous échappe toujours, il vous semble néanmoins que l’ensemble de choix, de rattrapages, d’acceptations qu’il manifeste forment quelque chose comme votre volonté élargie, votre autorité. Les artistes ainsi par leurs œuvres projettent quelque chose du mouvement confus qui les anime, fruit d’une démarche, d’une sensibilité et des moyens qui s’offrent à elles. Il est difficile de définir ce qui irradie d’une œuvre que les spectateurs reçoivent alors comme une singularité et qu’ils reconnaissent comme autorité. Ils y plongent à leur tour leur regard pour l’enrichir, l’augmenter ou le déplacer. Certains achètent un tableau, composent une collection, se font à leur tour auteurs. Le tableau parmi d’autres figure alors une sensibilité, des choix. Le peintre, lui a continué son chemin, poursuivi ses recherches, peint d’autres tableaux. Puis il lui arrive d’apercevoir à nouveau un de ces tableaux qui est allé rejoindre un autre atelier, aider à d’autres fabriques, dans une collection, parmi d’autres œuvres, d’autres objets. Il lui semble le voir différemment qu’il l’avait jusqu’ici regardé. Etranger un peu. Et comme porté par une autre ambition, un autre dessein. Vous le reconnaissez sans le reconnaître. Le regard qui l’a élu désormais le porte à son tour. Lui le retourne. Ainsi peut-être une œuvre s’enrichi-t-elle de tous les désirs, toutes les intentions qui s’y sont projetés, de tous les regards qui l’ont soutenu.

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