voir vertige

En quelques mouvements, s’accordant à quelques points d’accroche l’œil reconnaît. C’est à dire qu’il se suffit d’un minimum pour identifier dans l’ordre du visible quelque chose dont il a déjà eu l’expérience. Qu’il reconvoque ou dont il reconvoque l’idée. Sur cette base nous faisons l’économie d’une expérience nouvelle anticipant sa probable et supposé similitude. Et ce n’est pas tant l’expérience antérieure que l’on pose devant soi que son évocation, son signifiant. Dans l’ordre du langage le mouvement furtif qui contraste dans le bord du ciel appelle le mot d’oiseau et ce mot oiseau ainsi mentalement nommé fait l’économie de l’oiseau qui passe effectivement, que l’on n’a pas regardé, à peine vu. Il détourne de le voir, l’évacue même. La netteté de la nomination, son cerné sont sans commune mesure avec ce qui n’était qu’à peine une sensation dans la périphérie du champ visuel. Il n’y avait en vérité aucun oiseau selon sa définition et comme il nous apparaît ailes, bec et pâtes sitôt qu’on le nomme. Seulement une tache sombre se froissant dans le ciel furtivement avant d’échapper complètement. Une tache dont le vertige nous faisait peur.

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