élections, on a eu chaud

Ouf, on a eu chaud, on n’a pas élu un FN. A la place on a juste un « divers droite » dont les propos sont nettement plus ouverts.

Même s’il se qualifie lui-même d’ « affreux réactionnaire ».
Il dit juste que, concernant la laïcité, il ne faut « rien lâcher » en soutenant pour l’exemple la volonté au maire de Chalon sur Saône d’ « interdire les menus sans porc dans les cantines ». Une belle façon d’accepter les différences culturelles sans aucune discrimination de manière à favoriser une intégration réussie. Je ne sais pas ce qu’il pense des végétariens ou de ceux qui, ayant fait le choix de ne pas boire d’alcool, ne pratiquent pas les bons vins français.

Même s’il s’est appuyé à cette occasion sur les réflexions de Patrick Buisson, envisageant même d’échanger avec Eric Zemmour, qui sont comme tout le monde le sait des enfants de cœur fervents défenseurs de la tolérance et de l’ouverture à l’autre.

Même si, engagé contre les dérives de l’assistanat, il propose de supprimer les aides de ceux qui refusent des formations. Propos pragmatiques qu’il faudrait mettre en regard de la situation et des raisons réelles de ces refus. Qui a déjà eu à faire avec l’ANPE ou le pôle emploi sait les situations aberrantes auxquelles on peut parfois être confronté. Pour lui, une personne sans emploi et une personne qui se laisse vivre et entretenir par la collectivité. Pour le nombre de personnes qui ont baissé les bras (et pourquoi ?) combien se sont vues refuser une aide lorsque c’est elles qui à l’inverse qui suggéraient une formation ? Combien on été tenues d’accepter des propositions fantaisistes et contreproductives ?

Même si, afin de combattre le terrorisme, il connaît des solutions efficaces, comme « fermer les mosquées salafistes », la réinstauration de lieux de prière et rassemblements sauvages s’avérant une solution des plus pertinentes.

Et l’ « expulsion des étrangers liés au terrorisme » (porteurs d’une fiche S) ou leur incarcération immédiate. Concluant qu’ils seront moins terroristes et moins actifs en dehors du territoire (ce qu’on appelle déplacer le problème ou cacher les balayures sous le tapis). Que ceux qui sont à la fois terroristes et français, soit il y a une erreur, soit ils sont moins problématiques. Que tous les porteurs d’une fiche S, surveillés ou assignés en raison de suspicions sont donc jugés en dehors de tout procès et parqués dans des centres de rétention déjà saturés (a-t-il dénombré le nombre de fiches S attribuées à des personnes qui n’ont rien à voir avec le terrorisme, soit par erreur (les exemples fourmillent, de l’étudiante qui était venu écouter les manifestations pour le climat à Nacer qui, bien que Musulman non pratiquant, avait un poster d’un barbu chez lui (l’autoportrait de Leonard de Vinci) et effectué une recherche sur Internet sur les produits polluants dans les réseaux d’assainissement des eaux, afin de se renseigner sur ses problèmes de santé liés probablement à son travail), soit du fait qu’ils se maintiennent hors du passage à l’acte : doit on juger une personne et l’écrouer pour suspicion ou anticipation, ou chercher à traiter le problème lui même dont la personne n’est qu’une incarnation locale ?).

Même s’il souhaite installer des caméras de vidéo surveillance dans les lieux publics tels lycées, gares, transports en commun afin de protéger la population.

Même si il clame que « l’immigration ça suffit ». N’y a-t-il pas des lois qui imposent l’humanité légitime d’accueillir les réfugiés politiques ou climatiques (fuyant bien souvent des poudrières auxquelles nous avons nous-même mis le feu) ? Que doit-on faire selon lui de la convention de Genève de 51 relative aux droits des réfugiés ? De la déclaration universelle des droits de l’homme ? De notre humanité ?

Même s’il déclare ne plus accepter « de voir la France se désintégrer face aux coups de boutoir d’une immigration massive qui détruit chaque jour un peu plus notre identité ». On ne lui demandera pas s’il faut parler de coups de boutoir à propos de la colonisation, de l’exploitation des ressources des pays sous protectorat, du prélèvement d’un contingent maghrébin et africain pour nourrir le front lors des dernières grandes guerres, du recrutement d’une main d’œuvre italienne, portugaise, espagnole, algérienne et marocaine des années 50 aux années 70 pour faire face aux nécessités de la reconstruction. On ne lui demandera pas comment s’est constitué le peuple français au cours de siècles, sa et ses langues, ses traditions, s’il faut réadopter le gaulois. Où a été situé le berceau de l’humanité. D’expliciter quels sont les contours de cette identité qu’il voudrait davantage imperméable.

Même si lui-même assimile l’immigration et le monde arabe en particulier à un problème pour la laïcité. D’ailleurs il déclare qu’il fera installer un crèche dans sa mairie pour Noël, ce qui ne lui semble pas contradictoire avec ce fameux principe de la laïcité qui est, rappelons-le tout de même, le principe de séparation de l’église et de l’état. Les instances de l’état en région doivent-elles privilégier une religion en particulier, la promouvoir ? Doit-on revenir aux pratiques druidiques qui font le véritable terroir de la France ? Convertir massivement ? Et le cas des protestants ? Doit-on envisager une nouvelle Saint-Barthélemy ?

Même si, voulant un peu mieux se fondre dans le peuple malgré ses origines, il déclare : « on n’acceptera pas que les bobos parisiens nous expliquent comment vivre ». Lui, ayant été étudiant, du collège au lycée dans les beaux quartiers de la capitale avant de poursuivre par science Po, l’ENS, l’ENA et ne venant pas expliquer quoi que ce soit à qui que ce soit. Les bobos avec leur volonté de métisser les choses, leur intérêt pour l’art et les cultures, leur habitude de rénover, de gentrifier les quartiers en déshérence, de consommer de la littérature et du théâtre, leur volonté de consommer plus responsable, plus écologique, bio, sont clairement des fachos.

Même si, dans un souci d’épanouissement de la personne sans doute, dans une ouverture à la culture, il souhaite fermer « les formations fantaisistes comme celles des métiers du cirque et des marionnettistes ». Point de vue qui témoigne de ses connaissances dans le domaine et d’un idéal plein de perspectives pour l’aventure humaine, d’une profonde connaissance de ce qui fonde la colonne vertébrale de l’humanité, ses besoins fondamentaux.

Même si, s’affichant aux côtés de mouvements homophobes, il confie à mis-mots que « ce qui est contre mes valeurs oui, c’est qu’un enfant n’ait pas un père et une mère », plaidant dans Familles chrétiennes pour « l’abrogation de la loi Taubira qui autorise le mariage de couples de même sexe ». Déclarant qu’ « en tant que maire il ne marierait jamais d’homosexuels ». Il a ensuite soutenu la nomination comme secrétaire nationale de l’UMP de Madeleine Bazin de Jessey, active dans les mouvements homophobes Les Veilleurs et Sens Commun.
Inutile sans doute de lui faire un cours d’histoire et de civilisations, il en serait sans doute horrifié. Encore mois de lui évoquer le cas d’autres cultures extra européennes en adoptant le plan large de l’anthropologie. Il aurait sans doute trop de mal à se décentrer de sa propre position qui aurait seule valeur de bien et de bon et sans doute vocation à l’universalité. Parce que ça ne se fait pas, un point c’est tout. C’est une déviance, une maladie.

Même si, sachant bien s’entourer il a choisi comme co-listiers Anne Lorne, secrétaire nationale en charge de la petite enfance au sein des Républicains connue pour ses prises de position radicales. Outre un fort engagement dans la Manif pour Tous, elle conteste ainsi la légitimité du mariage civil pour ne reconnaître que le religieux, défend la suppression des subventions aux associations LGBT et antiracistes et a notamment félicité le maire FN Steeve Briois pour avoir privé la Ligue des Droits de l’Homme (LDH) de locaux dans sa commune. (source relellyon.info)
Ou encore Philippe Meunier, fervent opposant à l’IVG, qui propose en outre de supprimer dans les lycées de la région les informations sur la contraception.

C’est clair, on a eu chaud, on s’en sort pas trop mal.

2 Commentaires

  1. kriss vitti

    .. Les artistes sont parfaitement prévisibles dans leur prise de position : ils appartiennent à une culture qui s’est mise en place depuis 50 ans, et semblent ne pouvoir se refaire.. Cultiver les différences, oui, si l’autre en accepte la chose. Et ce n’est pas du tout le cas, que cela vienne de l’Islam, ou des LGBT . Sortir du formatage au sortir des écoles d’art et de l’université, c’est tout ce que je souhaite. Et c’est un minimum si l’on veut aborder la question de l’art, et non pas, de la culture..

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    • jérémy liron

      Oui, en général chaque lieu imprègne ceux qui en sont. En bougeant un peu et croisant toute sorte de gens ce qui nous était naturel et que l’on ne voyait pas se révèle comme une spécificité locale, contextuelle. Les différences nous font réaliser la notre et aident à sortir de tout dogmatisme. J’aime assez qu’il existe ainsi dans le monde des milliers de langues, de religions ou spiritualités, de cultures et à disséminées un peu partout sur le globe. Et que même à l’intérieur d’ensembles localisés on trouve encore des nuances, des différences. J’avoue que ça me dérange un peu quand des personnes pensent leur différence comme une norme ou qu’elle serait plus légitime qu’une autre avec l’idée soit de convertir soit de repousser. Mais c’est une grosse question de savoir comment faire pour vivre ensemble sans vivre pareil. Je vois avec appréhension des positions se manifester comme préludes à l’affrontement, des signes d’intolérance, de discrimination et j’y ai réagi dans ce billet d’humeur. En revanche, que les artistes ou les chefs d’entreprise, les sportifs ou autres soient prévisibles dans leurs prises de position, je ne sais pas. Sans doute y a-t-il des déterminants professionnels mais il me semble que ce n’est pas si homogène que ça : même en prélevant statistiquement les gens issus des écoles d’art par exemple, je crois que l’on pourrait constater là encore des nuances et différences. Et je crois qu’être autodidacte n’épargne de rien, il y a paradoxalement une forme de formatage romantique chez eux aussi. Quand à l’art, je ne crois pas que l’on puisse le dissocier de la culture dont il émane et à laquelle il participe. La chose complexe à mon avis est qu’il y a une infinité de cultures qui se chevauchent et se superposent à plusieurs échelles.

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