Voilà, un trajet en voiture, le projet vague de se dissoudre dans le paysage. Noter scrupuleusement ce que l’on traverse, comment on voit le monde qui s’échappe et reflue, se désagrège et se reconstruit. L’impression d’immobilité. Un trajet qui est peut-être tous les trajets réunis. Errer comme Erasme écrivant sur les mouvements ondulatoires de sa monture, sur le mouvement des paysages, rêvant utopia, un lieu qui n’est que déport du réel vers l’imaginaire. Ecrivant l’éloge de la folie. Rouler ce flux continu qui fait la narration. La perméabilité des choses, leur retournement. Se voir soi glissant sur le paysage comme pris dans un tunnel. Laisser le récit se dissoudre. Evoquer la disparition énigmatique d’une vieille rock star, ou toutes les dérobades du genre. Une distorsion, une torsion. Mais comment le faire sans parler depuis soi ou depuis un fantoche, comment faire pour que la voix se perde dans les mouvements du regard ? Ecrire avec les yeux.
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