2011 – Jérémy Liron, artiste peintre en bâtiment, par M-Pi in Nice Matin.
Peindre, dépeindre, repeindre inlassablement des immeubles sans grâce, construits dans les années 50-60, relève de l’obsession.
C’est en tout cas la première impression qui émane de l’exposition consacrée à Jérémy Liron, à l’Hôtel des Arts de Toulon. Il y a du Patrick Modiano (littérairement lié à une époque qu’il n’a jamais connue) dans cette fixation sur une architecture révolue. Né à Marseille en 1980, le peintre s’est lancé dans des séries en s’attachant à reproduire, telles des photos un peu floues, des bâtiments et HLM vieillissants, édifiés bien avant sa naissance. Attachant ? Le mot sonne mal pour évoquer des tableaux froids et distants sous leur plexiglas uniformément carrés (123 x 123 cm). Ces constructions portent toutes le nom de Paysage n° suivi d’un chiffre de 1 à 90. Les formats plus petits s’appellent Sans titre. Un univers géométrique triste, à mi-chemin entre le vide savant d’un Giorgio Morandi et le réalisme froid d’un Edward Hopper. Un monde désincarné fait d’habitations collectives désertées ; de petites végétations revêches ; sans repères extérieurs, publicité ou panneaux routiers ; sans aucun signe de vie avec des toits-terrasses sans antennes paraboliques ni linge qui sèche. Bref, des HLM plus que blêmes ayant besoin d’un bon coup de pinceau.
Mais la petite entreprise Liron de peinture en bâtiments a ses limites. Le jeune Jérémy qui a grandi dans le Var est aujourd’hui bardé de diplômes (Beaux Arts de Toulon puis de Paris, CAPES et agrégation d’arts plastiques à Paris I Panthéon – Sorbonne). Derrière ses petites lunettes d’intellectuel aux aguets, l’artiste est devenu professeur, critique, essayiste, citant volontiers Nietzsche, André Breton, Rembrandt ou Sean Scully…