2014 – Les petites chroniques, par Francis de Coninck in Les petites chroniques.

L’exposition Passages de la Fondation Bullukian, en collaboration avec le Musée Paul-Dini, convoque 6 artistes régionaux pour des visions plurielles.
Exposition Passages : ce projet, fruit de la collaboration entre les deux structures, a pour ambition de mettre en avant des artistes connus ou plus confidentiels qui ont un lien avec la Région Rhône-Alpes. Le thème du passage, de la porte et de la fenêtre, qui a marqué hier et aujourd’hui tant de visions d’artistes, est le fil conducteur de cette jolie petite exposition. Le lieu de la fondation offre une pause salutaire dans l’environnement urbain de la place Bellecour. Le jardin intérieur permettrait de jolies interventions performances dansées ! Il y en aura une d’ailleurs lors de la Biennale en septembre.
Revenons sur le thème de la porte et de la fenêtre. On retrouve depuis la Renaissance ces objets symboliques, architecturaux ou de décor dans de nombreuses œuvres. Dans les tableaux d’apprentis et de compagnons, on retrouve souvent les trois fenêtres, munies de grilles, conformes à la lecture du livre des Rois. Celles-ci correspondent aux trois stations du soleil. La fenêtre symbolise la réceptivité : ronde, elle est de même nature que l’œil et de la conscience, carrée, c’est la réceptivité terrestre. Quant à la porte, elle évoque souvent le lieu de passage entre le connu et l’inconnu, le trésor et le dénuement, le profane et le sacré. C’est autour de ce thème réactualisé, sur un mode contemporain, qu’est revisitée cette thématique vieille comme le monde.
On retrouve l’éternel Jacques Truphémus dans une toile grand format : paysage champêtre aux couleurs diluées et paisibles, japonisantes, qui se dégage d’une fenêtre généreusement ouverte.
Avec Aurélie Pétrel, la photo joue du dédoublement entre le réel des personnages saisis en train de lire dans des bibliothèques et le brouillage des références. Prequ’une dimension socio-ethno.
J’ai un coup de cœur pour les visions architecturales du jeune Jérémy Liron qui offre au béton des perspectives zen, oniriques presque. Ses jeux d’illusion entre un réel urbain prégnant et la vision de l’auteur n’est pas sans évoquer des espoirs de cité plus humanisée.
Damien Beguet, dans ses installations lumineuses et colorées, abstraites, qui empruntent aux matériaux de construction, va à l’essentiel de son questionnement artistique. S’il se pose la question « de l’artiste devenu sujet médiatique et de l’ œuvre d’art support de pub », on ne peut s’empêcher de penser à Mondrian et son cubisme analytique dans la composition de ses œuvres.
Jean-Antoine Raveyre déploie une œuvre photographique métaphorique et narrative presque candide. Une pause dans ce monde de bruts.
Quant à l’installation vidéo de Fabrice Lauterjung où images et textes se combinent sur le mode du témoignage après conflit, j’avoue n’avoir éprouvé que de l’ennui…ou de l’attention flottante pour un propos se voulant grave..