2016 – Jérémy Liron, l’archi-peintre, par Samuel Kahn in La Tribune de Lyon, mars2016.
Peintre discret et enseignant en arts plastiques, Jérémy Liron expose pour la première fois à la fondation Bullukian. Portrait d’un lyonnais vraiment contemporain.
A pied, en train, en voiture,
Jérémy Liron, 36 ans, est un observateur. Dans ses toiles et depuis peu ses sculptures, il retranscrit ce qu’il voit, les formes qu’il capte. Quand une courbe « se dresse dans son regard », il dégaine son appareil photo et prend des notes pour plus tard. Il y a des inspirations qui l’accompagnent depuis longtemps comme les bâtiments dessinés par Le Corbusier, tandis que d’autres viennent le frapper subitement, tel cet immeuble au coin du parc de la Cerisaie dont il avait passé l’angle des dizaines de fois avant de remarquer son intérêt pictural.
Du contraste au détail
Lui qui est « sensible à l’élégance de l’Art déco, des bâtiments blancs avec un liseré noir qui vient marquer une courbe », il a trouvé à Lyon et dans ses environs des témoignages de la marque de l’Homme sur son environnement. Il s’st souvent servi de la nature comme d’une toile de fond pour mieux souligner l’esthétique bétonnée des architectures qu’il peint. Depuis, il recadre son regard pour se concentrer sur les formes seules, confiant dans le fait qu’elles peuvent parler par elles-mêmes, en témoignent ses toiles qui reprennent les sculptures de l’esplanade Compas-Raison de la Duchère.
Révélateur
Agrégé d’arts plastiques, il les enseigne depuis huit ans dans un collège près de Villefranche-sur-Saone. Il « vaut faire réfléchir à notre monde, tout ce qui est trop évident ou trop intériorisé ». Souvent, il reçoit des lettres d’admirateurs qui ont vu leur regard s’ouvrir à la beauté urbaine. La plus banale des barrières de square municipal peut prendre des airs épurés si on l’observe d’une certaine façon. Ce travail de révélation, il le revendique : « Par infusion, on aide à ouvrir le regard des gens ». Assumant le caractère politique de ses dernières séries, il « espère que son travail puisse prendre une dimension plus grande ».
Jérémy Liron a conçu lui-même la scénographie de cette première exposition monographique de son travail. Elle adopte un point de vue chronologique, tout en invitant le spectateur à porter un regard dynamique sur des œuvres qui se répondent. De peintures en sculptures, en passant par un corridor où sont présentés quelques uns de ses textes, l’artiste aux multiples casquettes se dévoile et donne à observer. Beau travail.