« Me demanderait-on sur quoi je travaille, comme il arrive parfois, qu’aurais-je à répondre d’autre que de convenu ? Je peins un paysage (si on peut désigner ainsi une grande masse sombre, presque abstraite, accompagnant un fruste muret). Est-ce vrai ? Quoi de plus, quoi de différent des précédents ? Et pourquoi, si c’en est un, peindre alors ce ou ces paysages ? Qu’est-ce qu’ils disent ? A défaut, qu’est-ce que ça dit, de s’occuper à ça ? Qu’est-ce que ça nourrit ? Qu’est-ce que ça purge ? Qu’est-ce que ça s’entend dresser ou abattre, étendre ou creuser?
C’est comme dans ces rêves : vous vous surprenez dans une situation, mais rien ne raconte comment vous êtes arrivés là. Il vous reste seulement maintenant à faire face, à explorer ou répondre à ce qui vous sollicite. Un regard, un autre plan de caméra et vous voilà aux prises avec d’autres décors, d’autres personnages selon la logique disruptive d’un plan de coupe. »
(Jérémy Liron, 25 janvier 2021)
Explorant depuis près de vingt ans ce qu’il définit comme « le sentiment de présence », Jérémy Liron dépeint moins le monde qui nous entoure que la manière dont notre regard le surprend et le retient. Sa série des “Paysages”, initiée en 2005, réunit ainsi un vaste atlas de formes et de lieux, dont chaque œuvre compose un fragment et dans lequel l’architecture et la végétation occupent une place essentielle.
Au sein de ce corpus, les récentes œuvres présentées dans l’exposition “Les parages” (2021) marquent une période de libération et d’affranchissement, tant dans le déploiement des motifs végétaux que dans le foisonnement des couleurs.