Et si ce titre, comme point de départ insiste, c’est d’abord parce que je ne sais pas vraiment ce qui le justifie. Ou s’il fait vraiment programme comme on l’entend.
Il y a quelque chose qui a à voir avec la sonorité vraisemblablement. Avec son exotique. L’évocation du soleil, d’un verger ou un jardin ; une certaine quiétude méditerranéenne.
Il y a aussi ce refrain entêtant d’un morceau de Led Zeppelin. Donc, déjà, quelque chose de rythmique.
Mais je ne saurais plus dire si c’est le titre qui a induit les tableaux ou si c’est à l’inverse, les images qui ont fait remonter de la mémoire le titre. Ou encore, si les deux sont venus conjointement dans mon esprit, se justifiant réciproquement et simultanément.
Toujours est-il. C’est en février ou mars dernier, dans l’idée de cette exposition —qui devait être décalée d’un an— que j’ai réalisé une première toile figurant une branche chargée d’agrumes.
Quand je m’engage dans ce tableau, c’est avec l’idée d’aller vers un endroit un peu problématique : qu’est-ce qu’un sujet comme celui-ci aujourd’hui ? Peut-on peindre des branches et des fruits comme on pouvait le faire au XIXe siècle ?
Le mieux, pour tenter de répondre à ces questions, c’est d’essayer pour voir. Admis qu’il ne s’agit pas pour moi d’un travail ironique ou kitch, ni d’une posture régressive ou conservatrice. Existe-t-il donc aujourd’hui une voie intermédiaire et donc plus équivoque ? Je suis donc le désir, sans me préoccuper excessivement d’un sens ou d’un statut à lui donner. Sans présumer dans un sens ou dans l’autre de son éventuelle pertinence.
Ce tableau, je le sais également dès le départ, parce que c’est une idée qui me poursuit depuis longtemps et que j’ai déjà abordée dans des séries antérieures, il s’agit aussi de le multiplier, de le reproduire, de manière à proposer une exposition qui mettre en scène vertigineusement à la fois plusieurs pièces et toujours une seule et même pièce. Ce motif, et ça le devient dans plusieurs sens du terme alors, devient un motif répétitif (et son côté pastoral éveille le souvenir de tapisseries ou papiers peints).
Parce que, je le sens intuitivement aussi, m’intéresse cette notion d’écart et de trouble. D’un regard qui ne sait pas vraiment comment s’ajuster et selon quelle(s) perspective(s). Aller d’une toile à l’autre, est-ce alors regarder toujours et encore la même chose ou bien tenter de mémoriser les différences, ou bien encore, faire l’expérience paradoxale de l’insaisissable ? (l’idée serait de disséminer les toiles dans les espaces de manière à éviter les comparaisons par juxtaposition, en appelant une circulation erratique semblable à celle des mouches qui buttent à la vitre) Cherche-t-on instinctivement une image qui serait la matrice ou l’original dont les autres dériveraient ? Cherche-ton à lire par je ne sais quels indices une progression ou un mouvement ? Ou se rend-on très vite à ce piétinement duquel ne semble vouloir advenir aucun sens ; ni direction, ni signification ?
JL