Entre rêver et réalité, par Camille Bertrand-Hardy in Paysages, Entre représentation et imaginaire.

Les paysages naturels de Jérémy Liron sont atypiques dans son œuvre plus largement consacré à des vues urbaines, ils s’y inscrivent pourtant sans solution de continuité. Grand pin ou île dans une mer lisse, ils déclinent l’abstraction de monochromes verts ou bleus. Leur sujet est moins ce qui est représenté que la réalité de l’agencement pictural. La virtuosité technique des glacis ne sert aucune sorte d’illusionnisme, le contrepoint de certaines zones brossées à coups larges met en abime l’énigme qu’est la peinture dont le sujet véritable nous échappe. Fait plastique et fait social à la fois, ces vues naturelles fonctionnent comme des stéréotypes, des fictions surgissant dans le quotidien du périurbain. Sous l’apparence d’une représentation neutre, l’artiste rend perceptible un écho de la place fantasmatique du naturel dans la vie contemporaine.