Jeremy Liron, par Sylvie Carlier in Regards pluriels, 10 ans d’acquisitions du musée municipal Paul-Dini de Villefranche-sur-Saône, 2021.
Formé aux écoles d’art de Toulon et Paris, Jeremy Liron choisit la peinture pour questionner notre perception de l’espace à travers les paysages et l’architecture. Son œuvre appelle au mécanisme de la mémoire, où le temps est suspendu et l’espace fragmenté comme dans Paysage n°110 (2012), vu de l’intérieur de la villa Noailles (Hyères) et divisé en six carrés de tailles identiques. Paysage n°152 (diptyque) représente le toit-terrasse de la villa Malaparte (Capri) composé d’un aplat rose horizontal surligné de blanc, et d’aplats bleus pour signifier le ciel et la mer. De part et d’autre du toit apparaissent les cimes de deux arbres. La peinture, vide de toute présence humaine, offre une vision cinématographique par l’ajout de bandes noires en haut et en bas du format, d’autant plus que Liron a été inspiré par la villa Malaparte filmée par Jean-Luc Godard dans Le Mépris. Le Paysage n°196 offre une composition inspirée par la pinède et les plages de l’île de Porquerolles (liée à l’enfance). Durant l’année 2020, il développe une série de toiles verticales en simplifiant sa palette et son graphisme. Les silhouettes des arbres dessinent la lumière méditerranéenne tout en affirmant la plénitude et la solidité du paysage. Avec la terrasse déserte et l’encadrement des arbres sculptés par la lumière du soir, le peintre perçoit Paysage n°196 comme une scène théâtrale et une allégorie du temps qui s’écoule.