Jérémy Liron, sans fioritures, par Elisabeth Védrenne in Connaissance des arts septembre 2021.

Jérémy Liron privilégie depuis toujours la figuration, pour offrir la vision cachée et mystérieuse d’une fiction méditative.

« …Les tableaux, comme les vues qui le sont initiés, sont autant de fragments, d’éléments mobiliers susceptibles d’être montés comme l’on dit d’une séquence narrative, organisés, mis en relation ou isolés. » C’est ainsi que Jérémy Liron dépeint sa peinture, lui qui a deux talents, l’écriture et la peinture. Deux chemins parallèles qui dialoguent pour mieux déchiffrer le mystère de la pratique de l’art. intellectuel, certes, mais sans oublier jamais les perceptions ni les sens. Une peinture de réflexion, à feuilleter comme un livre d’images reproduisant une série de paysages ou d’éléments architecturaux présentés frontalement, souvent en gros plan, dans le calme assourdissant d’une lumière métaphysique. Réinventant librement ses architectures à partir de photographies, le peintre introduit ainsi une sorte de fiction somnambulique. Dans l’exposition « Les Parages » à la galerie Isabelle Gounod, les grandes toiles verticales, format « figure » à échelle humaine, étaient une invitation à entrer dans la chair brute de la matière picturale, sans fioriture, avec évidence. Adepte du low-tech, du faire avec peu, il a simplifié encore sa palette, ainsi que son graphisme, réduit à l’essentiel. On pense à Morandi, à Salvo, à toute une tradition de peinture méditerranéenne où les pans de murs en disent long, où les arbres soulignent la violence de cette lumière crue. Mais aussi à Cézanne, Valotton ou Hopper. Ni trop léchée, ni encombrée de signes, sa peinture respire la solidité, une certaine plénitude, et l’évidence paisible qui naît du sentiment de se sentir bien présent sur cette terre. L’exposition à La Garde Adhémar poursuit cette recherche poétique menant à la méditation, au voyage spirituel.