2019 : L’humble usage des objets, par Baptiste Vanweydeveldt, avril 2019.
Lors d’un passage chez un ami artiste qui lit peu, mon regard s’accroche à la fine reliure blanche que je reconnais, celle des livres publiés aux éditions Nuits Myrtides… Je connais de nom l’artiste Jeremy Liron mais le titre semble traiter d’autre chose que de la peinture… Par petits bouts comme une discussion entre amis, j’entre dans une mise en abîme : une autre discussion entre artistes… C’est le sentiment d’une longue phrase qui se pose, à voix haute où chaque terme prête à réflexion. Ce que je vois dans ce miroir c’est l’environnement d’atelier avec ce regard porté sur les choses qui se classent, s’arrangent dans l’espace physique et mental… Il est difficile de parler du moteur d’une réflexion, des réflexions. L’auteur y arrive très bien, il aborde tour à tour les questionnements sémiotiques de l’assemblage, comme sculpture et installation contemporaine… Une phrase qui se cherche à être prononcée, par un souffle « inspiré » et expiré, donc en volume sonore, laissant une part belle aux réponses à un environnement qui le constitue (rencontre et proposition). Tous les progrès occasionnent des regrets, des dommages collatéraux que les artistes affectionnent, comme anthropologiquement aptes à révéler quelque chose d’indicible… C’est un jeu auquel les artistes plasticiens s’adonnent presque par constitution, malgré eux en donnant leur confiance au regard de qui accepte de donner du temps, peut-être un erzat de vie fragile… À la deuxième lecture du livre de Jeremy Liron qui m’a tant causé la première fois, je me rends compte qu’il a réussi à décrire une forme de topographie de l’atelier, de ce lieu (lorsqu’il en est un) parfois en jachère, des cheminement intellectuels qu’empruntent certains artistes pour la création. C’est une somme d’unité discrètes qui constitue un corpus parfois hétérogène par ses formes, mais à l’image d’une République ne niant pas ses minorités comme valeurs ajoutées…