Jérémy Liron – Un sentiment d’étrangeté par V.N. in Miroir de l’art n°124, juin 2023.

La peinture de Jérémy Liron ne décrit pas le monde mais en approche les rouages intimes. Ses tableaux sont des fragments du monde qui sont des re-créations élaborées à partir de photographies. Ils isolent un bout de paysage, souvent « empêché » par un premier plan hypnotique (le tronc tordu d’un pin par exemple), et qui apparait dans toute sa singularité. Pas tout à fait réel.
Pour le regardeur, l’image, faussement anodine, convoque un sentiment d’étrangeté.
Un « sentiment de présence », ainsi que le définit l’artiste : « En réalité, explique le peintre, derrière l’apparence première un peu anecdotique parfois, ce qui m’intéresse est plus impalpable et a trait à quelque chose que l’on pourrait nommer « sentiment de présence » et qui investit le travail du regard. Qu’est-ce que regarder, qu’est-ce que surprendre une image à l’intérieur de l’espace du regard, qu’est-ce qui traverse le regard ou le met en perspective ? ». Le paysage couché sur la toile est moins ici un aperçu du visible qu’une proposition de celui-ci. Une démarche presque conceptuelle qui vise à envoûter le regardeur mieux que ne l’aurait fait une description froide et objective du réel.
Né en 1980 à Marseille, Jérémy Liron vit et travaille à Lyon. Ses œuvres sont aujourd’hui présentes dans de nombreuses collections privées et publiques, parmi lesquelles le Musée Paul Dini, l’Hôtel des Arts de Toulon, la Fondation Colas, la Fondation Salomon, la collection de la société Générale, les collections des villes de Lyon et Vénissieux, ainsi que plusieurs arothèques en France.