2014 – Passages, par Blandine Dauvilaire in Grain de sel.

Une fois n’est pas coutume, le musée Paul-Dini et la Fondation Bullukian unissent leurs regards pertinents sur l’art contemporain pour présenter une exposition en deux volets sur le thème des Passages. Fenêtres, portes, architectures, visions intérieures ou extérieures sont au centre des œuvres sélectionnées.
À Villefranche, Samuel Rousseau présente deux installations conçues à partir de bidons en plastique sur lesquels sont projetées des vidéos qui font sourire. Tout à côté, les photos de Jacqueline Salmon nous transportent dans des palais vénitiens décatis dont elle capte toute la mélancolie à travers les miroirs. Plus monumentales, les « peintures-lumières » de Patrice Giorda évoquent ses années de pensionnat aux Lazaristes et célèbrent l’effraction lumineuse qui fait vibrer l’espace. Chez Jacques Truphémus (dont le musée possède la plus grande collection française), les toiles sont de subtiles fenêtres ouvertes sur la nature et l’âme de l’artiste. Donnant accès à son univers personnel, la porte en bois retravaillée par Jérémy Gobé s’habille de sangles sculptées qui nourrissent l’imaginaire. Évoquant des façades d’immeubles et les tableaux de Mondrian, les œuvres peintes sur plaques d’aluminium par Damien Beguet sont constituées de cases remplies d’acrylique à la petite cuillère. Peintre, écrivain, poète, Jérémy Liron crée une œuvre forte en juxtaposant six morceaux d’un même paysage recouverts de Plexiglas. Par le jeu des reflets, le visiteur inscrit sa présence dans l’espace géométrique.
À la Fondation Bullukian, Damien Beguet accroche ses mires T.V., lointain souvenir d’un monde autrement cloisonné. Derrière une vitre un peu floue, Jean-Antoine Raveyre immortalise une jeune mariée. En face, avec poésie, Truphémus laisse la nature s’immiscer dans la maison. Et Jérémy Liron capture la lumière changeante qui se pose tout au long du jour sur un même bâtiment. Seule artiste à avoir travaillé in situ, Aurélie Pétrel imprime ses photos consacrées aux usagers des bibliothèques sur de grandes bâches microperforées. Astucieusement placé, l’un de ses personnages semble observer le jardin de la Fondation. Propice aux découvertes artistiques, ce double parcours fera la joie des petits comme des grands.