Notice du catalogue

Jérémy Liron peint des paysages qu’il perçoit souvent au fil de ses errances. Il les capture grâce au médium photographique, qu’il utilise comme un carnet de notes, puis leur donne une nouvelle corporalité au moyen de la peinture. Mais Jérémy Liron ne souhaite pas atteindre une fidélité de la représentation par rapport au motif photographique, mettant en exergue se propre vision du monde traversée par un processus de digestion de l’image par ses sensations et souvenirs. Il accueille ainsi divers facteurs qui tendent à ébranler subtilement le réalisme, tant à l’extérieur de la toile – tels l’imprécision de l’image, les erreurs d’impression, les plis du papier – qu’à l’intérieur – à travers un traitement irrégulier des contours, une touche visible, parfois expressive, et un remplissage lacunaire de la surface picturale.
Paysage 224 appartient à la série « Paysages » amorcée en 2004, qui compte, à ce jour, plus de deux cent trente peintures. Ce tableau de 146x114cm montre un pan de mur jaune qui se caractérise par sa nature contradictoire. D’une part, il nous ramène à la planéité du support et faite écran en obturant la majeure partie du paysage ; d’autre part, il dessine une profondeur par le biais des lignes perspectives, révélant un morceau de nature en haut à droite. Sans titre (digue 3) et Sans titre (figuier) sont également des plans rapprochés sur une composante du paysage dont Jérémy Liron explore la dimension sculpturale. La première œuvre représente une digue peinte sur une première couche de peinture ocre qui réapparaît partiellement, évoquant l’esthétique de la pellicule argentique, et la seconde montre un figuier de Barbarie qui renvoie aux paysages méditerranéens ù l’artiste a passé son enfance.
Noémie Cursoux