Sait-on quelque chose du monde, sinon ce qui s’impose ? – Des étendues infinies. Et sait-on de ces horizons autre chose que les marcher, continuellement, prélevant au passage ce qu’ils renvoient de nous même – et la nuit au fond qui nous tait. On ne sait qu’un insistant sentiment de présence, qu’une opacité familière. Et on y bute. On dit : entre nous et le monde s’engouffrent nos désirs. Et peut-être est-ce dedans ça même que s’enracine la fiction. Le monde se déploie et nous déployons le monde en nous pour l’atteindre ou nous y fondre. Le désir, n’est-ce pas cette image de nuit qui nous hante, vers laquelle on revient et qui nous tait encore ?

JL