2015 – Autoportrait en visiteur, par Rodolphe Cosimi in Revue Archives de la critique d’art, nov. 2016

L’ouvrage de Jérémy Liron récemment publié, se distingue étonnamment des écrits et des propos habituels d’artistes. Sa particularité tient ici au fait qu’il ne s’agit en effet, au sens strict, ni d’un journal de peintre ni d’un opuscule de comptes rendus d’expositions mais bien d’un corpus de textes et de notes qui nourrit une réflexion décloisonnée, menée au gré d’allers retours entre travail à l’atelier -là où se crée l’oeuvre- et expositions -là où elle est montrée-. Renouvelant ainsi le genre de façon assez singulière, l’auteur creuse la question de l’art et du reflet qu’il lui renvoie en tant que peintre ou visiteur. Il questionne son mouvement général, son histoire, tout comme la condition de l’artiste dans l’évolution de son expression artistique, tout en tentant d’éclairer les difficultés auxquelles le peintre est confronté dans l’exercice de son art. L’auteur, menant un travail littéraire parallèlement à ses recherches plastiques, propose de manière pertinente et très libre une synthèse appréciable de la pratique et de la réflexion, à travers l’intérêt qu’il porte à différents aspects de la peinture, du geste, du tableau, de l’image, de la perception. Il invite à partager des interrogations en ce qui concerne la pratique de l’art. Il déchiffre ce qui a trait à l’émotion issue de la préoccupation de son environnement contemporain et de ses rencontres, des doutes, des déconvenues, des processus cognitifs liés à son activité picturale ou encore de ce que lui inspirent les visites de musées, la confrontation avec les oeuvres, les expositions et les lectures. Proche parfois de l’analyse critique et historique, Jérémy Liron surmonte avant tout l’épreuve de la pensée par une écriture franche, efficace afin de mieux la saisir, répondant en même temps à une nécessité des sens et de l’intellect. Présenté très clairement et sans fioriture, l’ouvrage ne manquera pas de susciter chez le lecteur, à travers ces pages, la curiosité et une empathie propices à la connaissance et au dialogue avec l’artiste.