2018 – Jacques Truphémus et Jérémy Liron, les silences de la peinture, par Sarah Hugounenq in La gazette Drouot, N° 28, juillet 2018.
Le musée expose cet été le hasard d’une rencontre. D’un côté, un peintre à l’automne de sa vie : Jacques Truphémus, occupé par la représentation chamarrée des paysages, entre réserves et coulures. De l’autre Jérémy Liron, de soixante ans son cadet, qui interroge la perception de l’espace dans des toiles désertes et atemporelles. » Lors d’un vernissage en 2014, je les ai vus converser comme s’ils se connaissaient depuis toujours, se remémore Sylvie Carlier, commissaire de la présente exposition. A demander de quoi ils parlaient, ils m’ont répondu : de peinture et de fenêtre. » Ce fut le point de départ d’un dialogue esthétique où, dans le lointain héritage de Vasari et de Matisse, la surface du tableau est comprise comme une ouverture. La radicalité des paysages fragmentés de Liron confronte le regard tantôt à un mur, tantôt à la fuite. Alors que Truphémus joue sur le motif de la fenêtre ou de la porte pour suggérer la peinture comme un passage. Refusant le rapprochement immédiat entre les deux artistes, l’accrochage se permet une exception, magistrale. Au même moment, sans se concerter, ils achèvent une toile comme une réponse aux recherches de Claude Monet sur la représentation du blanc. L’étude du soleil corse du Paysage n°151, dont le flamboiement blanc annihile presque la vision, répondait, sans que son auteur le sache, aux Rideaux blancs de la verrière de l’atelier de Jacques Truphémus. Cette vibration du blanc dans l’antre de la création fut sa dernière toile, avant de mourir en 2017.