Caroline Bissière et Jean-Paul Blanchet, plaquette de l’exposition Un goût de vacances, des saveurs d’été, abbaye Saint André Centre d’art contemporain, Meymac.

Trois artistes se partagent cet espace : Yann Lacroix, Alexandre Lenoir et Jérémy Liron dont le point commun est l’absence ou la quasi-absence visuelle de personnage dans leurs œuvres. Des paysages qui ne peuvent se lire que par l’évocation de leur présence. Leurs tableaux n’ambitionnent pas de reproduire la réalité d’un site, mais suggèrent dans un temps suspendu, l’ambiance (dans le cas présent) estivale qui réactive des souvenirs possibles emplis de sensations, d’émotions, d’envies chez la personne qui les regarde.
Comme point de départ une ou des photos dont chaque artiste ne retient ensuite que la structure spatiale simplifiant, voire effaçant les détails qui donneraient prise à un récit particulier, trop fictionnel.

Ainsi les tableaux de Yann Lacroix dont la masse végétale sobrement évoquée dispense une vibration d’ombre, une sensation de moiteur qui enveloppent des objets, des sièges ou une piscine vide qui semblent en attente d’être activés.
Il en est de même des deux tableaux à l’apparence matiériste d’Alexandre Lenoir, résultat d’un long travail de la peinture qu’il superpose couche diluée après couche, sur la surface partiellement oblitérée par des rubans de scotch. Dans une chaleur étouffante, sous une lumière blanche qui ralentit le corps et incite à la sieste on entend le piaillement des oiseaux abrités dans les arbres. Alors que « Bretagne » malgré ou à cause de sa minéralité, entre soleil et ombre, offre une promesse de fraicheur et la possibilité d’une source où se désaltérer.

Ou de celui de Jérémy Liron : « Paysage 151 », portion de mur blanc à la peinture très lissée, écrasée par la chaude lumière d’un début d’après-midi, que soulignent les deux chaises de jardin accolées au mur et , par contraste, l’ombre projetée d’un feuillage.

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« Paysage 167 » de Jérémy Liron est une vue très frontale d’un bâtiment dont on ignore la fonction, comme souvent dans ses paysages, mais dont le mur habillé de bois renvoie la lumière chaude d’une fin d’après-midi d’été.

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Le vrai sujet de Jérémy Liron est le rapport du construit avec son contexte. Comme dans les deux tableaux déjà présentés, le personnage est absent, l’approche presque conceptuelle. La vue privilégie le plus souvent l’angle du bâtiment, point d’articulation avec l’extérieur. La nature pleine de ce qui est montré est de ce fait amputée. Au regardeur de l’imaginer. Ainsi « Paysage 190 » est le plan d’une fortification ou la portion de digue d’un port ?