« Une contre-nature ou une nature en contrepoint est aussi à l’œuvre chez Jérémy Liron dont l’inspiration est souvent l’architecture moderne de la Reconstruction. Lui aussi prend pour sujet une nature recomposée et recadrée par le magazine et vue au cinéma. Celui d’Antonioni, de L’Éclipse (1962) ou L’Avventura (1960). La boîte américaine grise souligne le détourage qui est à l’œuvre. À la fois dans la technique, puisque le bleu du ciel arrive en dernier, en détour, et au détour des arbres dont le vert est en réserve. Cela crée un vibrato qui induit un doute sur les profondeurs de plan. C’est aussi une lumière implacable, méditerranéenne, comme celle de la villa Malaparte dans Le Mépris de Jean-Luc Godard. Ce n’est pas n’importe quel cinéma, mais celui d’après le néo-réalisme, qui se donne à voir comme cinéma. De même les pièces de Jérémy Liron ont la frontalité des objets picturaux : le ciel est un aplat bleu détouré. […] »